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1661 - Sauver les cloches des églises (13 juin 2021)

Dernière mise à jour : 31 août



Si la révolution a dramatiquement entamé notre patrimoine campanaire, ce n'était pas la première fois que les cloches se trouvaient être en danger. Le 𝙢𝙖𝙨𝙨𝙖𝙘𝙧𝙚 𝙙𝙚 𝙒𝙖𝙨𝙨𝙮, 𝙚𝙣 𝙢𝙖𝙧𝙨 1562, marque officiellement le début des guerres de religion entre catholiques et protestants mais le torchon brûle depuis longtemps. Le premier octobre 1561, les consuls de Sommières sont contraints de prendre une décision pour sauver les cloches des églises qui se trouvent hors de l'enceinte de la ville. Les faits sont relatés dans les registres de délibération (BB5).

On y apprend que « 𝘱𝘢𝘳 𝘵𝘰𝘶𝘵𝘦𝘴 𝘭𝘦𝘴 é𝘨𝘭𝘪𝘴𝘦𝘴 𝘤𝘪𝘳𝘤𝘰𝘯𝘷𝘰𝘪𝘴𝘪𝘯𝘦𝘴 𝘲𝘶𝘪 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘩𝘰𝘳𝘴 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘢𝘨𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘤𝘭𝘰𝘤𝘩𝘦𝘴 𝘴𝘦 𝘥é𝘳𝘰𝘣𝘦𝘯𝘵 ». On fait donc descendre les cloches à 𝙂𝙖𝙫𝙚𝙧𝙣𝙚𝙨 appartenant aux chanoines de la cathédrale de Nîmes (le chapitre), celles de St Michel des « 𝙌𝙪𝙖𝙩𝙧𝙚 𝙥𝙧ê𝙩𝙧𝙚𝙨 » ainsi que celles de St Amans. Les églises possèdent chacune deux cloches, les plus grandes à St Amans, les moyennes à St Michel et les plus petites à Gavernes. Les instruments de métal se taisent, entreposées dans la maison consulaire « 𝘫𝘶𝘴𝘲𝘶'à 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘴𝘰𝘪𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘷𝘶 𝘢𝘶𝘵𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘱𝘢𝘳 𝘭𝘦 𝘳𝘰𝘪 » Peu après, la « 𝘤𝘢𝘱𝘪𝘵𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴𝘴𝘦 » , femme du gouverneur de la ville, seule au château, demande une cloche pour la mettre à sa chambre (sic) qu'elle sonnera pour avoir secours des gens de la ville en cas de danger. On lui remet la petite de St Michel qu'elle devra rendre quand elle en sera requise.

Gavernes est maintenant un petit hameau au sud de Junas. On peut voir depuis la route un petit bâtiment ancien restauré qui serait une chapelle dédiée à St Saturnin. Si ce sont les restes de l'église citée dans le document, ils n'en sont qu'une petite partie. Des travaux réalisés en 1672 nous indiquent que l'église avait une abside « en cul-de-four » et plusieurs fenêtres vitrées, donc assez grandes. Elle comportait alors un clocher à 3 cloches qui fut remplacé par un simple clocher « à la capucine » (au dessus du pignon) classique pour l'époque.

Le quartier d'habitation de l'ancienne paroisse de St Amans se situe « au bout du Pont ». Son église primitive était à plus d'un kilomètre de là, isolée au milieu des terres. Elle commencera à être démantelée par les propriétaires voisins peu de temps après avoir perdu ses cloche. Il n'en reste rien.

On pense que les églises ont toujours trôné au centre des villages mais de nombreux exemples locaux nous montrent au contraire qu'elles pouvaient en être éloignées. Beaucoup d'entre elles sont en ruine ou ont totalement disparu jusqu'à en oublier l'emplacement : St André à Souvignargues (ruines), St Martin à Aujargues (disparue), St Blaise à Villevieille (remplacée par un mas), St Pancrace à Pondres (disparue), St Etienne à Lecques (ne reste qu'un pan de mur), St Pierre à Aspère (ruines), etc. A Calvisson, c'est le village qui s'est déplacé, il se situait d'abord sur la colline du château, à 500 m de l'église St Saturnin. A la révocation de l’Édit de Nantes, en 1685, on entreprend une grande restauration des églises amochées par plus d'un siècle de conflit. Lorsqu'elles sont en ruine et en dehors des bourgs, on les reconstruit à l'intérieur, laissant à l'abandon ces petits joyaux de notre patrimoine. Les cloches en furent symboliquement les dommages collatéraux.

Nicolas Lawriw

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