L’illustration ci-dessus est extraite du registre paroissial catholique de Sommières pour les années 1781 à 1792 (Archives départementales du Gard - Collection du greffe – cote 5 E 318 7). On y lit sans trop de peine le texte suivant :
« 𝘓’𝘢𝘯 𝘮𝘪𝘭 𝘴𝘦𝘱𝘵 𝘤𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘢𝘵𝘳𝘦-𝘷𝘪𝘯𝘨𝘵-𝘥𝘰𝘶𝘻𝘦 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘲𝘶𝘢𝘵𝘳𝘪è𝘮𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘓𝘪𝘣𝘦𝘳𝘵é 𝘭𝘦 𝘵𝘳𝘦𝘯𝘵𝘦 𝘶𝘯 𝘮𝘢𝘪 𝘱𝘢𝘳 𝘥𝘦𝘷𝘢𝘯𝘵 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘱𝘳𝘦𝘮𝘪𝘦𝘳 𝘷𝘪𝘤𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘥𝘦 𝘚𝘰𝘮𝘮𝘪è𝘳𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘶𝘴𝘴𝘪𝘨𝘯é [𝘎𝘳𝘰𝘮𝘦𝘭𝘭𝘦] 𝘴𝘦 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘱𝘳é𝘴𝘦𝘯𝘵é𝘴 𝘐𝘨𝘯𝘢𝘤𝘦 𝘈𝘭𝘦𝘹𝘢𝘯𝘥𝘳𝘦 𝘑𝘰𝘴𝘦𝘱𝘩 𝘊𝘢𝘳𝘥𝘰𝘯 𝘱𝘳ê𝘵𝘳𝘦 𝘤𝘶𝘳é 𝘥𝘦 𝘚𝘰𝘮𝘮𝘪è𝘳𝘦𝘴 𝘯𝘢𝘵𝘪𝘧 𝘥𝘦 𝘊𝘢𝘮𝘣𝘳𝘢𝘺 𝘥é𝘱𝘢𝘳𝘵𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘥𝘶 𝘕𝘰𝘳𝘥 𝘦𝘵 𝘔𝘢𝘳𝘪𝘦 𝘛𝘩é𝘰𝘥𝘰𝘳𝘦 𝘓𝘦𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥-𝘍é𝘳é𝘰𝘭 𝘯𝘢𝘵𝘪𝘷𝘦 𝘥𝘦 𝘗𝘢𝘳𝘪𝘴 𝘮ê𝘮𝘦 𝘥é𝘱𝘢𝘳𝘵𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘭𝘦𝘴𝘲𝘶𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦𝘴 𝘰𝘯𝘵 𝘥é𝘤𝘭𝘢𝘳é 𝘦𝘵 𝘥é𝘤𝘭𝘢𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦 𝘲𝘶𝘢𝘵𝘳𝘦 𝘥𝘶 𝘮𝘰𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘫𝘢𝘯𝘷𝘪𝘦𝘳 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘴𝘶𝘴𝘥𝘪𝘵𝘦 𝘢𝘯𝘯é𝘦𝘴 𝘪𝘭𝘴 𝘴’𝘶𝘯𝘪𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘤𝘰𝘯𝘫𝘶𝘨𝘢𝘭𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘴𝘦 𝘱𝘳𝘰𝘮𝘪𝘳𝘦𝘯𝘵 𝘧𝘪𝘥é𝘭𝘪𝘵é 𝘱𝘳𝘰𝘤é𝘥𝘢𝘯𝘵 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘭𝘰𝘳𝘴 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘱𝘦𝘳𝘴𝘰𝘯𝘯𝘦𝘴 𝘭𝘪𝘣𝘳𝘦𝘴 𝘴𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘯𝘰𝘶𝘴 𝘷𝘪𝘤𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘴𝘶𝘴𝘥𝘪𝘵 𝘦𝘯 𝘷𝘦𝘳𝘵𝘶 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘪𝘵𝘶𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘢𝘷𝘰𝘯𝘴 𝘥é𝘤𝘭𝘢𝘳é 𝘦𝘵 𝘥é𝘤𝘭𝘢𝘳𝘰𝘯𝘴 𝘢𝘶𝘹 𝘴𝘶𝘴𝘥𝘪𝘵𝘦𝘴 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦𝘴 𝘢𝘶 𝘯𝘰𝘮 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘭𝘰𝘪 𝘲𝘶’𝘦𝘭𝘭𝘦𝘴 𝘴𝘰𝘯𝘵 𝘶𝘯𝘪𝘦𝘴 𝘦𝘯 𝘷𝘳𝘢𝘪 𝘦𝘵 𝘪𝘯𝘥𝘪𝘴𝘴𝘰𝘭𝘶𝘣𝘭𝘦 𝘮𝘢𝘳𝘪𝘢𝘨𝘦 »
Étonnant, non ?
Pour comprendre cet acte, il convient de le situer dans le contexte troublé des relations entre le pouvoir issu de la Révolution et l’Église catholique. La constitution civile du clergé promulguée le 27 novembre 1790 a entrainé la suppression des deux paroisses Saint-Pons et Saint-Amans, remplacées en avril 1791 par une unique paroisse de Sommières.
Les deux ci-devant curés, François de Canterelle (Saint-Pos) et Mathieu Céard (Saint-Amans) ont quitté Sommières :
Cantarelle, prêtre réfractaire, finit par émigrer en Italie en septembre 1792
Céard, prêtre jureur, est curé constitutionnel à Congénies dès septembre 1791
En juillet 1791 Cardon a été désigné comme curé constitutionnel de Sommières.
Il signe des actes d’état-civil à partir du 5 août 1791. Profitant de son statut d’officier public, octroyé par la constitution civile du clergé qui ne le soumet plus au droit canon, et de l’institution du mariage civil, il convole en justes noces en janvier 1792.
Il est intéressant de noter que l’acte du 31 mai 1792 est un mariage civil (tel qu’institué par la constitution du 3 septembre 1791) puisque le vicaire n’utilise pas la formule que l’on trouve sur les autres mariages « […] ont été mariés selon les rites de l’Église romaine et les ordonnances du royaume ». Officier d’état-civil, il se contente d’enregistrer le mariage que lui déclarent les époux.
Les annales de Sommières ne nous apprennent pas si les nouveaux mariés sont partis en lune de miel, mais Cardon n’en continue pas moins à remplir ses fonctions de curé dès le 7 juin. Le dernier acte au bas duquel on trouve sa signature est daté du 16 septembre 1792.
Il semble avoir ensuite préféré la vie politique au sacerdoce, mais c’est là une autre histoire que nous vous conterons une autre fois …
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