Si vous deviez échouer sur une île déserte avec un seul livre, quel ouvrage choisiriez-vous ? ». Cette question posée au cours d'interview ou de sondages permet, parait-il, de dévoiler une partie du caractère de la personne interrogée. Appliquons ce test à nos archives : si ces précieux documents devaient tous disparaitre, sauf un, lequel faudrait-il choisir ? Sur quels critères faudrait-il se baser pour sauver le document qui, à lui seul, représente le mieux notre ville et son histoire ? L'ancienneté avec le parchemin de 1249 parfaitement illisible ? L'utilité avec les registres d’état-civil qui remontent à 1578 ? La valeur intrinsèque avec certaines lettres patentes portant la signature autographe de Louis XII, d'Henri IV ou de Charles IX ? Un économiste pensera aux comptes de la commune ou aux mercuriales publiées à l'occasion des foires, un politique sera tenté par les relations avec le "Pouvoir Central (pourquoi pas la correspondance du Duc de Montmorency ?), un farfelu sera réduit par cette délibération qui fait état de lettres patentes obtenues en 1706 par un perruquier lui donnant droit au port de l'épée !
Ces réponses si diverses permettent peut-être une étude psychologique mais ne seront pas d'un grand secours pour la reconstitution du passé de notre ville.
Il existe pourtant un document qui, à lui seul, rassemble tous les éléments sans lesquels Sommières n'existerait pas : sur parchemin, datées d'Août 1600, ces Lettres Patentes d'Henri IV confirment les dates des 6 foires données par les Rois, ses prédécesseurs, confirment également la Foire des Rameaux dont le titre a été perdu lors du dernier siège (1575) dans l'incendie de l'Hôtel de Ville. Rappelons que le bénéfice de la Foire des Rameaux en tant que foire « franche » avait été octroyé aux Sommiérois par Henri II en 1557 « pour dédommager les habitants des ruines causées par le Vidourle ».
Dans le même document nous trouvons donc l'activité économique et stratégique de Sommières et un rappel du fleuve qui depuis les origines rythme la vie de la cité à raison de 4 crues par siècle.
Pour certains esprits chagrins, l’ère des Marchés et des Foires est révolue, les facilités de communication, le système de grande distribution ont eu raison de ce mode de commerce archaïque. Mais alors, pourquoi, de nos jours, la moindre petite ville essaie de lancer une foire à n'importe quoi et lorsque l’expérience réussit, on fait une publicité monstre autour du 2ème, 3ème ou 10ème anniversaire de la—dite manifestation ? Si les Sommiérois avaient eu confiance dans la destinée économique de leur ville, ils auraient pu fêter cette année le 420 anniversaire de la Foire des Rameaux (la plus jeune des 6 !)
Le parchemin dont nous venons de parler fait partie de ceux qui ont été présentés dans l’exposition « A la découverte de nos Archives » après avoir été restaurés gracieusement par l'Atelier de Restauration et la Bibliothèque Inter Universitaire de Montpellier. Que les techniciens de cet atelier trouvent ici le témoignage de notre reconnaissance.
Texte : J.L. RENARD
Sur les photos Gérard Guiraudet et Aimé Jeanjean dans l’ancien local des archives de Sommières, Rue Général Bruyère.
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