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Rue général Bruyère (7 novembre 2021)



Cette rue doit son nom à Jean-Pierre Joseph Justin Bruguière dit Bruyère, Général d’Empire, Baron, Comte. Issu d’une famille de chirurgiens et d’avocats-notaires, il nait le 22 juin 1772. Grand cavalier (chasseur à cheval), il participe aux batailles des guerres d’Italie, de Marengo, Iéna, Eylau, Wagram, la Moskova. Le 22 mai 1813 il a les deux cuisses emportées par un boulet à la bataille de Reichenbach et meurt le 5 juin à Görlitz. Cavalier d’un grand courage c’est au combat qu’il gagne ses galons, toutefois bien aidé par son mariage avec la nièce du Maréchal Berthier.

La rue est particulièrement intéressante par la façon originale dont elle a été créée. Les remparts moyenâgeux de la ville, côté Nord, descendaient de la tour d’angle dite de la« Bistoure » jusqu’à celle dite « la Glacière » ; ils comportaient une autre tour, transformée en porte, connue de nos jours sous le nom de « Porte du Bourguet ». A leurs pieds, un fossé avait été creusé : l’eau d’une source du plateau s’y écoulait ainsi que les eaux pluviales, en direction de Vidourle.

Ce fossé servait aussi d’égout, de poubelle ; on venait y faire ses besoins, on y vidait les seaux « hygiéniques », on y jetait les entrailles des bêtes tuées pour la boucherie, des volailles mortes. En été l’eau stagnait, les herbes et les ronces proliféraient. La puanteur était importante.

Dans la ville, derrière les remparts, la situation n’était guère meilleure puisque toutes les rues comportaient en leur milieu un fossé de faible pente où s’écoulaient les eaux usées (tanneries), les fumiers, les fientes et toutes sortes d’excréments. Il était le royaume des cochons, des volailles, des chiens. C’était la pluie qui nettoyait. Là aussi l’odeur était suffocante. Les passants faisaient leur possible pour circuler sur « le haut du pavé ». L’humidité était importante à tous les rez de chaussée. Tout ceci était la cause d’épidémies, de maladies, (tuberculose) de pollution des eaux. Un égout venant des rues « Basses » s’écoulait vers le fossé en passant sous les remparts. De nos jours on peut encore y accéder.

Devant cet état sanitaire déplorable, la municipalité qui avait déjà procédé à plusieurs ouvertures dans les murs de la ville, décide le 25 juin 1813 la démolition des remparts existants encore et qui n’ont plus aucune utilité militaire. Ce projet qui comprend tous les remparts jusqu’à la « Grave », permettra d’aérer et d’assainir la ville. A l’exception d’un lot, ce sont les propriétaires des maisons voisines ou incluses dans ces murs qui remportent tous les lots, 31, estimés à 3 745,95 F. Ils pourront ainsi modifier les façades, ouvrir des portes et des fenêtres, aérer, ajourer, rendre plus vivable.

Le Cahier des charges précise qu’une fois le rempart démoli, les adjudicataires doivent laisser le sol propre et à plat ; les matériaux seront enlevés et les gravats déposés dans des endroits indiqués par M. le Maire. Reste le fossé. Les citoyens Joseph Franc, neveu, négociant, Jean Arnal fils, maçon et Pierre Robert, menuisier, s’étaient portés adjudicataires et avaient déjà été retenus en 1797 « pour bâtir ou faire bâtir sur voûte, dans toute la largeur et sur toute la longueur du dit fossé ou acqueduc, les édifices ou maisonnages qu’ils trouveront à propos. » Délib du CM 7 mai 1797.

Ainsi va se créer la rue bordée de maisons construites en partie sur les voûtes recouvrant le fossé, très vraisemblablement recalibré et réduit. C’est d’ailleurs par une trappe de l’une d’entre elles que l’on peut y accéder. Elle sera d’abord appelée Rue Neuve, puis Rue du Mal de Tête à cause du bruit fait par les chaudronniers et les forgerons qui s’y étaient installés. Enfin, le 18 avril 1888, elle recevra le nom de Rue Général Bruyère .

Texte et photo Aimé Jeanjean

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