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Sombre destin d'un pauvre nourrisson tué et dévoré par les cochons (12 septembre 2021)

Dernière mise à jour : 31 août

Explorons encore ce XVIe siècle où Sommières peine à se libérer de sa routine, loin des fastes de la renaissance et de ses châteaux somptueux. Sous la menace d'incessantes épidémies de peste, déchirée par les guerres fratricides, accablée par les conséquences des conflits internationaux, la cité n'a guère que le temps et les moyens de reconstruire ce qui s'écroule et de prendre soin du mieux qu'elle le peut de sa population.

Dans ce contexte, on pourrait croire que l'abandon d'enfants et l'infanticide sont courants et presque banals. Ce n'est pas ce qu'il ressort des archives de la municipalité de l'époque. Les enfants abandonnés, désignés sous le nom de « bâtards », sont recueillis et élevés par des familles d'accueil qui sont payées par la communauté d'habitants, autrement dit par le contribuable. Un seul infanticide est relaté dans les délibérations consulaires. L'article, adapté à notre époque, témoigne sans détour de l'horreur du drame : «𝘓𝘦 20 𝘫𝘢𝘯𝘷𝘪𝘦𝘳 1563, 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦 𝘥𝘶 𝘭𝘪𝘦𝘶 𝘥𝘦 𝘎𝘢𝘭𝘢𝘳𝘨𝘶𝘦𝘴 𝘭𝘦 𝘗𝘦𝘵𝘪𝘵 𝘢 𝘧𝘢𝘪𝘵 𝘶𝘯 𝘦𝘯𝘧𝘢𝘯𝘵 𝘦𝘵 𝘥'𝘢𝘱𝘳è𝘴 𝘦𝘭𝘭𝘦𝘮ê𝘮𝘦 𝘭'𝘢 𝘵𝘶é 𝘦𝘵 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳𝘳é 𝘤𝘰𝘮𝘮𝘦 𝘭'𝘪𝘯𝘥𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘦 𝘣𝘳𝘶𝘪𝘵, 𝘷𝘰𝘪𝘹 𝘦𝘵 𝘧𝘢𝘮𝘦 𝘱𝘶𝘣𝘭𝘪𝘤𝘴 𝘥𝘦 𝘴𝘰𝘳𝘵𝘦 𝘲𝘶'𝘢𝘱𝘳è𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘱𝘰𝘶𝘳𝘤𝘦𝘢𝘶𝘹 (𝘤𝘰𝘤𝘩𝘰𝘯𝘴) 𝘭'𝘰𝘯𝘵 𝘥é𝘵𝘦𝘳𝘳é 𝘦𝘵 𝘦𝘯 𝘰𝘯𝘵 𝘮𝘢𝘯𝘨é 𝘭𝘢 𝘱𝘭𝘶𝘴 𝘨𝘳𝘢𝘯𝘥𝘦 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘪𝘦, 𝘤𝘦 𝘲𝘶𝘦 𝘭'𝘰𝘯 𝘯𝘦 𝘥𝘰𝘪𝘵 𝘱𝘢𝘴 𝘭𝘢𝘪𝘴𝘴𝘦𝘳 𝘱𝘢𝘴𝘴𝘦𝘳. 𝘚𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘢 é𝘵é 𝘢𝘳𝘳ê𝘵é 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘧𝘢𝘴𝘴𝘦 𝘢𝘮𝘦𝘯𝘦𝘳 𝘭𝘢𝘥𝘪𝘵𝘦 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘤𝘰𝘯𝘥𝘶𝘪𝘳𝘦 𝘦𝘯 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘦𝘯 𝘱𝘳𝘪𝘴𝘰𝘯 𝘱𝘰𝘶𝘳 𝘲𝘶𝘦, 𝘶𝘯𝘦 𝘧𝘰𝘪𝘴 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘢 𝘦𝘯𝘵𝘦𝘯𝘥𝘶 𝘦𝘵 𝘷é𝘳𝘪𝘧𝘪é 𝘭𝘢 𝘷é𝘳𝘪𝘵é 𝘥𝘶 𝘧𝘢𝘪𝘵, 𝘰𝘯 𝘦𝘯 𝘧𝘢𝘴𝘴𝘦 𝘧𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘵𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘱𝘶𝘯𝘪𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘲𝘶'𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘢𝘶𝘳𝘢 𝘮é𝘳𝘪𝘵é𝘦, 𝘢𝘶𝘹 𝘥é𝘱𝘦𝘯𝘴 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘷𝘪𝘭𝘭𝘦. »

Deux articles datés des 5 et 19 mars suivants nous renseignent sur le sort funeste de la mère criminelle. Pierre Rouvière, maçon, demande à être payé 5 sous pour chaque jour et nuit que « 𝘭𝘢 𝘧𝘦𝘮𝘮𝘦 𝘲𝘶𝘪 𝘧𝘶𝘵 𝘥𝘦𝘳𝘯𝘪è𝘳𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵 𝘦𝘹é𝘤𝘶𝘵é𝘦 𝘢 𝘥𝘦𝘮𝘦𝘶𝘳é 𝘥𝘢𝘯𝘴 𝘴𝘢 𝘮𝘢𝘪𝘴𝘰𝘯 ». Le frère de cette dernière souhaite ensuite trouver un arrangement pour payer les frais de justice du temps qu'elle fut prisonnière. Ni le nom de la femme ni celui de son frère ne sont divulgués. On ignore pourquoi elle n'a pas été enfermée dans le château, une autre femme le fut trois ans auparavant - mais elle était lépreuse. On peut penser que la sentence impitoyable de la cour royale de Sommières, dont les modalités d'exécution nous sont inconnues, a été motivée par la mutilation abjecte du corps de ce pauvre bébé. Cela n'exclut pas que bon nombre de nouveaux-nés aient pu ainsi disparaître sans que les coupables ne soient inquiétés, les justifications de ces actes ultimes échappant à notre raisonnement moderne.

Nicolas LAWRIW - mvic.fr D'après les archives municipales de Sommières (BB5 et BB7) en ligne sur le site BROZER Téléarchives

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